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maandag 25 juli 2011

3 poems from Jo

Le monde s’endort

Le monde s’endort
quartier par quartier d’orange.
Piqué par un fuseau horaire,
il tombe en catatonie.

Sur le front de l’est, tout est calme:
le Moyen-Orient s’est enfin apaisé
comme un enfant lassé des jeux de la journée
Les dépêches de presse sont tombées pour de bon
dans la fosse commune de l’endormissement.

A l’ouest, rien de nouveau:
l’opulence est de mise, même dans le sommeil,
et le soleil s’y couche dans l’or et le vermeil.

Sous son édredon de nébulosités,
la Terre se repose de ses turbulences,
bercée par la musique des sphères de l’univers,
qui autour d’elle poursuit son éternelle ritournelle.


(c) JO HUBERT, Belgique



Les voix de porcelaine

Les voix venues de loin
sont des fils de couleur dans les tissus urbains
ternes et gris
de nos cités aux horizons de pluie.

Les voix venues d’ailleurs,
les voix des déportés
répandent la chaleur
sur les cordes glacées de nos vocalités
désabusées.

Les voix de porcelaine
se brisent dans un cri
qui en dit long
et court au milieu de la nuit.

Les voix de porcelaine
des poupées humaines,
quand on leur fait violence
ont les accents ultimes de la désespérance.

Les voix de porcelaine
des assiettes cassées
sonnent souvent le glas des amours dépassées

Et l’écheveau de laine
trituré par le chat,
traîné sous un fauteuil où il prend des poussières,
ressemble à s’y méprendre
à ce que la routine fait de notre existence,
quand on suit les ornières
en baissant les paupières qui nous servent d’œillères,
en subissant le joug, en acceptant le bât
d’un modèle de vie qui ne nous convient pas.

Les voix venues de loin
sont un signal d’alarme,
réveillant notre cœur, nous arrachant des larmes.
Les voix venues de loin sont une rédemption,
rachetant la faute originelle, la soumission
aux normes étriquées de la médiocrité,
aux écheveaux de laine de la conformité.


(c) JO HUBERT, Belgique



La guerre de Bosnie
s'est conclue sur les accords d'Eon.
Les politimusiciens tenaient chacun leur instrument
de ratification,
tournaien en rond,
brûlaient d'appuyer sur les petits boutons
des accords d'Eon.
Ils comptaient sur leurs partitions,
les cartes (de géographie)
étant distribuées depuis longtemps.

Les observateurs n'ont aucune peur:
les bons vont gagner, c'est certain
(le metteur en scène est américain).

La guerre est finie.
Les bons ont gagné.
Le peuple a perdu.
Les ministres vont
des accords d'Eon
se torcher le cul
dans leurs cabinets.


(c) Jo HUBERT, Belgium
(June 1998, a poem on the wars in Bosnia)

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